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   Bujumbura 1898-2008







110 ème anniversaire

Pour une solidarité agissante et dynamique entre Bruxelles et Bujumbura 
 
Conférence donnée dans la Salle des Conférences de l’Hôtel de Ville de Bruxelles, le 6 Septembre 2008, à l’occasion de la célébration du 110è anniversaire de la fondation de la ville de Bujumbura 
 
Joseph Ntamahungiro 
 
 
Avant propos. Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voulais d’abord remercier sincèrement les organisateurs de cette journée dédiée à la «Solidarité Internationale entre les Villes», et spécialement à l’Echevin en charge du Sport, des Espaces verts, de l’Environnement, et de la Solidarité internationale de la Ville de Bruxelles, M. Bertin Mampaka, qui m’ont fait l’honneur et l’amitié de m’inviter à partager avec vous ces quelques paroles. Mon court propos porte sur trois micro sujets :  
1) La solidarité que je souhaite 
2) Quelques défis à relever 
3) Plaidoyer pour l’ouverture d’une « Maison Burundi à Bruxelles » 
 
La solidarité que je souhaite. « L’homme est mouvement vers le monde et vers son semblable. Mouvement d’agressivité qui engendre l’asservissement ou la conquête, mouvement d’amour, don de soi, terme final de ce qu’il est convenu d’appeler l’orientation éthique ». Je voudrais me servir de cette vision du grand écrivain martiniquais Franz Fanon pour décrire en quelques mots mon rêve pour une solidarité agissante et dynamique qui devrait présider aux relations entre Bruxelles et Bujumbura. Il se trouve en effet que souvent, hélas, les relations entre les Nations et les Villes du Nord et du Sud sont bâties sur l’asservissement du fort sur le faible, au lieu de la création de ponts permettant aux unes et aux autres de développer harmonieusement des relations d’amour et d’amitié et ce au grand bonheur de chacune d’elles et de leurs peuples. La solidarité que je souhaite entre Bruxelles et Bujumbura est que la Capitale européenne aide sa consœur burundaise à atteindre sa maturité, non seulement dans ses infrastructures et son organisation matérielle, mais d’abord et surtout dans la définition d’une vision politique où l’homme reste le « repère central ». Pour paraphraser l’écrivain et philosophe burundais, l’Abbé Michel Kayoya, et au regard des événements actuels qui ponctuent le quotidien des Burundais, Bruxelles peut aider Bujumbura à faire en sorte que ses dirigeants mettent tout en œuvre pour que les Burundais deviennent «des hommes conscients et libres, que chaque citoyen prenne en main sa destinée et bâtisse un monde où l’on se respecte, où l’on a honte d’attenter à l’honneur de l’homme et à sa vie ».  
 
Vous savez mieux que moi qu’il existe en Afrique plusieurs maladies infantiles et qui peuvent se révéler mortelles. En tant que Ville jeune, Bujumbura n’échappe pas à cette menace. Aussi, au lieu de ne pas lui montrer ces maladies au nom de l’amitié, je souhaite que Bruxelles, sa grande sœur, la mette en garde contre ce danger, car il y va de sa vie et de son avenir.  
 
Je reste personnellement convaincu avec le journaliste et écrivain suisse Louis-Albert Zbinden que «Amitié ne signifie pas compromission ». Cet auteur écrit : 
«l’amitié commande, certes, le respect de l’autre, mais pas jusqu’à l’acceptation de ses excès ou de ses erreurs. Il ne faut pas se fondre dans l’autre, mais se poser en face de lui, avec sa personnalité et son droit de critique. L’amitié véritable (…) est une amitié exigeante, vigilante, sourcilleuse, qui se prononce, propose et, au besoin, s’oppose. C’est l’amitié constructive, qui est tout le contraire de l’amitié de complaisance » . Je souhaite que Bruxelles adopte cette même attitude envers Bujumbura. 
 
Quelques défis à relever à Bujumbura. Dans le document intitulé « Carte postale de la Marie de Bujumbura » que le Collectif Bujumbura 1898-2008 a fait parvenir au Ministre président de la Région bruxelloise , les auteurs relèvent « trois grands défis qui interpellent les responsables politiques et administratifs locaux » : 
 
1. Réinstaller les familles dispersées dans leurs quartiers d’origine en poursuivant et en menant « une action soutenue d’éducation et de sensibilisation de la population urbaine à la tolérance, au respect d’autrui et des biens d’autrui ». Cette action suppose la mise en œuvre de deux programmes:  
- « un programme de remise en état des maisons détruites dans différents quartiers de la ville et  
- un programme de démantèlement des bandes de malfaiteurs de tous ordres pour sécuriser l’honnête citadin ».  
 
2. Reconstruire et remettre en état de fonctionnement des infrastructures sociales détruites, telles que les bureaux administratifs, les centres de santé ou les écoles.  
 
3. Assurer un encadrement de proximité de la jeunesse orienté vers la responsabilisation et « auquel prendraient part tous les partenaires directement concernés : parents, responsables locaux, enseignants et animateurs sociaux ». Les auteurs du document cité proposent concrètement « la création de foyers ou de maisons de jeunes dans différents quartiers de la municipalité de Bujumbura qui permettrait d’offrir un cadre de réunion et d’échange entre les jeunes ou avec les partenaires de l’éducation précités ».  
 
Je pense que c’et là un bon et noble programme qu’il convient de soutenir. Je voudrais pour ma part ajouter à cette liste – ou reprendre pour mon compte - les propositions suivantes au cas où elles auraient été déjà formulées. Je les cite dans le désordre : 
 
1) Trouver une issue heureuse et équitable aux problèmes des parcelles squattées, divisées ou redistribuées sans consultation et accord de leurs propriétaires, 
2) Trouver une solution aux problèmes de circulations routière qui semblent ne pas obéir à des normes bien précises 
3) Etablir un plan de la Ville qui permette aux non locaux de pouvoir se guider car pour le moment rares sont les rues et les maisons qui portent des noms et des numéros 
4) Protéger les populations à revenu faible, souvent victimes d’expropriations injustes et indues qui font que le problème foncier à Bujumbura et ailleurs dans le pays est devenu une bombe à retardement 
5) Chercher des solutions véritables et à long terme au lancinant problème de la délinquance juvénile et des enfants de la rue, au lieu de recourir à l’usage de la force avec des opérations « coup de poing » 
6) Construire des maisons sociales en suffisance pour les fonctionnaires moyens et les classes moyennes, au lieu de laisser les riches et les nantis se livrer à des occupations sauvages des terres fertiles au détriment des bas revenus 
7) Favoriser la création d’emplois dans les divers domaines, tout en évitant la saturation dans certains secteurs, en édictant des lois qui incitent à la création d’entreprises de toute taille (modestes ou grandes) et garantissent le respect de la législation internationale du travail 
8) Créer des espaces verts, propres et salubres pour permettre au citoyen moyen de tout âge de faire des promenades, s’adonner à des jeux et participer à des loisirs sains qui confortent ou recréent un cadre convivial d’une ville où il fait bon vivre  
9) Résoudre rapidement et à long terme les problèmes de canalisation et de ramassage des ordures ménagères qui, à la longue, risquent de nuire à la santé des habitants de la Mairie et à l’image de celle-ci.  
 
Plaidoyer pour une « Maison Burundi » à Bruxelles. Quand on parle des pays de la région des Grands lacs africains et plus particulièrement des anciennes colonies de la Belgique, le Burundi semble absent, par manque notamment de visibilité et d’une politique de marketing de la part de ses dirigeants successifs. Pour se faire mieux connaître et rendre visible ce pays que nous appelons chaleureusement « le cœur de l’Afrique », sa Capitale - la Ville de Bujumbura - devrait demander à sa consœur de Bruxelles l’ouverture dans ses murs d’une Maison du Burundi. Une telle initiative avait eu – et a toujours j’en suis convaincu - le soutien de l’Echevin en charge du Sport, des Espaces verts, de l’Environnement, et de la Solidarité internationale, qui vient de manifester encore son amour pour le Burundi en soutenant cette journée.  
 
La Maison du Burundi à Bruxelles aurait notamment pour vocation de : 
 
1) Etre un lieu de convivialité qui dépasse tous les clivages historiques, ethniques,  
politiques, religieux, idéologiques, régionaux, sociaux, culturels et autres qui ont marqué négativement l’histoire du Burundi 
2) Servir de lieu de rencontres, de repères et de symboles par l’organisation de cérémonies et de fêtes susceptibles de réunir les Burundais entre eux et/ou avec d’autres communautés vivant en Belgique 
3) Développer des échanges culturels entre le Burundi, la Belgique et d’autres pays au moyen de conférences, de projections de films, des théâtres, d’activités socioculturelles, etc.. 
 
En cette journée de Solidarité internationale entre les Villes, mais qui dit ville dit d’abord ses habitants, je voudrais terminer ma brève intervention par deux proverbes qui, me semble-t-il, peuvent continuer à servir de fils conducteur dans les bonnes relations entre Bruxelles et Bujumbura. Pour Albert Camus, «Il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul » Et pour Jacques Roumain, «C’est la plus grande chose au monde que les hommes sont frères »  
 
 
Je vous remercie 

   
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